L’EXPOSITION ARBRES D’ALBERTO CARNEIRO SERA INAUGURÉE LE 9 JUIN
Le 9 juin, le CDAN inaugurera l’exposition Arbres d’Alberto Carneiro, dont le commissaire est Javier Maderuelo, qui demeurera ouverte jusqu’au 20 août.
En 1968, alors qu’il vivait à Londres, Alberto Carneiro prit conscience que son travail en tant qu’artiste devait passer par l’expérience de son propre corps, que l’œuvre devait surgir de processus vécus, plutôt que conceptuels, et que ces processus devaient être reliés à l’énergie de la matière plutôt qu’à la forme, vu que la forme est simple apparence, alors que l’essence est énergie, en comprenant la matière comme la concrétisation physique de cette énergie.
L’un des éléments qui frappe le plus dans les œuvres que Carneiro réalise pendant les années soixante-dix est la référence continue aux arbres, aussi bien en les nommant dans les titres et les textes, en les représentant sur des dessins et des photographies qu’en les utilisant comme un élément vivant ou comme des troncs de bois qui, ne souffrant pas de grandes transformations, permettent de continuer à reconnaître leur nature arborescente. L’arbre devient ainsi le protagoniste de l’œuvre.
Quand Carneiro a essayé d’exercer à nouveau le « métier » de sculpteur, il ne tenait pas à retomber dans l’ennuyeuse et artificielle discussion entre l’abstraction et la figuration, ni de récupérer le discours narratif que les images, les signes ou les formes avaient exercé dans le passé ; il a essayé d’approfondir la dialectique existentialiste entre l’homme et le monde, entre le sujet et la nature, en remettant les mains sur la matière et en sentant à nouveau dans son corps les effets de celle-ci.
Revenir au métier suppose maintenant la récupération de la capacité factuelle de l’homme, son pouvoir physique de transformation, et la possibilité de mesurer les forces du corps humain face à la masse que possèdent les choses matérielles qui l’entourent. Le métier suppose la maîtrise d’un certain matériau sur lequel l’ouvrier travaille. Ainsi, chaque matériau, traditionnellement, a donné naissance à un métier, surgissant alors les figures du forgeron, du charpentier, du tisseur ou du boulanger.
Alberto Carneiro, qui est né, vit et travaille entre les arbres de son village de Coronado (Portugal), n’a pas douté la moindre seconde au moment de choisir les arbres comme matériau de travail et comme thème de ses œuvres, faisant de l’acte de tailler des arbres son « métier » de sculpteur. Les œuvres achevées d’Alberto Carneiro continuent à montrer les arbres, les troncs, les nœuds, les directions des veines et l’inclinaison des branches. L’artiste ne fait qu’accentuer le sens expressif du corps matériel, réaffirmer les directions, agrandir les sillons, en rendant ainsi évident le caractère particulier et unique de chaque spécimen végétal sur lesquels il travaille.
Le sens de ces travaux n’est pas formaliste, il ne s’agit pas de reproduire ou d’accentuer l’apparence des arbres, de restituer leurs figures essentielles, mais de récupérer l’énergie dont l’arbre est porteur, même après avoir été coupé. La différence entre l’arbre et l’œuvre d’art faite arbre réside dans le fait que dans la seconde l’artiste est devenu également une œuvre, il s’est transmué, au moyen de la passion de ses sentiments et de l’action de ses muscles, en arbre et les deux se sont fondus en un seul corps primaire.